Laurence de Leersnyder
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Opline Prize

Hanna Alkema , 2017

 

 

Dans le travail de sculpture de Laurence De Leersnyder, le paysage – morceau de nature forgé par l’homme – est omniprésent : étendues abstraites et rugueuses, reliefs plus ou moins accidentés, concrétions semblables à des termitières ou des mégalithes, moulage de sols ou d’éléments jardiniers… Il est objet de fascination pour l’artiste sans être le sujet central de sa pratique, qui s’emploie à éprouver la logique de la matière et épuiser les gestes de la sculpture.

L’empirisme est au cœur de son œuvre ; l’artiste l’érige en savoir artistique. Au commencement d’une pièce, il y a souvent la répétition d’un geste de sculpteur·e – retirer ou ajouter de la matière, mouler, couler – mais pratiqué sans finalité particulière, ni virtuosité. Elle parle de « gestes élémentaires », attentive aux propriétés de matériaux souvent pauvres – terre, plâtre, béton, charbon – et observant sur eux les aléas du processus de leur transformation. À la manière d’un chorus de jazz, elle applique un procédé, semblable à une grille d’accords, et en considère les variations, les « improvisations » de la matière. Form Derived from a Cube (2015) reprend ainsi le titre, la forme initiale et le principe sériel de la fameuse pièce de Sol LeWitt. Là où l’artiste américain faisait usage de la géométrie pour développer sa série, elle laisse la contingence faire (son) œuvre, en moulant toujours la même forme en polystyrène à différents stades d’altération. Ses gestes, dits neutres, impriment toutefois dans ses formes, dites abstraites, l’échelle de son propre corps et sa résistance physique.

Héritière de l’Anti Form, d’une Eva Hesse ou d’une Lynda Benglis, Laurence De Leersnyder interroge aussi l’histoire classique de son médium : elle cherche à éprouver les techniques relatives au moulage et à la fonte, les modes de présentation et les fonctions, notamment mémorielle, de la sculpture. Le diptyque Relief en creux (2016) explore par exemple la technique de la cire perdue, à partir d’une forme aléatoire, non-composée, moulée en béton réfractaire. Pour La Fonte des sables, à l’endroit d’une utopie (2015), l’artiste a creusé des trous dans le sol de Milly-la-Forêt, à l’ombre du Cyclop de Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle, aussi profond que son bras le permet, avant d’y couler de l’aluminium en fusion, obtenant des moulages « d’après nature », présentés ensuite classiquement sur socle. Dans CONCRETUM (2014), commande publique réalisée sur le campus d’HEC, elle dresse à la manière des pierres levées monumentales des temps anciens, des empreintes en béton du sol, réalisées in situ. Tandis que les œuvres récentes issues de sa résidence à L’H du Siège à Valenciennes, réalisées en boulets de charbon, travaillent le passé industriel de la ville. À l’échelle de l’atelier comme du monument, l’œuvre de Laurence De Leersnyder invite ainsi le regardeur à une exploration sensible et prospective des formes et de leur contexte sous-jacent.

 

Hanna Alkema (AWARE)

 

© Laurence de Leersnyder
Design Atelier trois